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 Nouvelle: Histoire à Rufiot

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Chachou
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Chachou


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MessageSujet: Nouvelle: Histoire à Rufiot   Nouvelle: Histoire à Rufiot Icon_minitimeVen 1 Mai - 0:56

Bon alors, pour ceux qui connaissent pas mes petits délires d'écritures, Rufiot est mon personnage favori, et je le met à toutes les sauces. Là il est brin plus froussard que d'habitude, vous pourrez le constater si j'ne poste d'autres... on va voir si celle vous plaît, déjà ! silent Bonne lecture ...


Rufiot posa les pieds sur l’embarcadère avec une satisfaction et un soulagement visible. Il aimait les voyages, particulièrement ceux en bateau, mais les trois semaines passées à bord de la coque de noix qui se trouvait derrière lui, avaient quelque peu rafraîchi son entrain. Il se poussa de quelques pas, pour laisser passer les matelots qui déchargeaient la cargaison, et s’avança pour observer le paysage qui s’offrait à lui, sous un ciel nuageux et maussade. Le long de l’étroit débarcadère, quelques barques s’entrechoquaient dans le silence matinal, la plupart à demi remplies d’eau croupie -ce qui semblait attester de la fréquence de leur usage…
Face à lui s’alignait une série d’entrepôts commerciaux, mais il remarqua avec un froncement de sourcils qu’un seul semblait fonctionner et possédait deux torches à l’entrée, tandis que les autres paraissaient à l’abandon, la toiture crevée et les portes entrouvertes, qui grinçaient faiblement dans le vent froid. Un peu plus loin, une bourgade de belle taille se profilait, il pouvait de cette distance distinguer l’enseigne d’une auberge, ou d’une taverne, et la tour du tocsin dominait fièrement le groupement de maisons aux larges toits. Mais là encore, certains détails intriguaient le jeune homme: l’enseigne n’avait l’air de pendre que par un crochet à sa gaule, beaucoup de toits semblaient recouverts d’un lierre épais, et plus étrange encore, le tocsin était dépourvu de cloche, accessoire pourtant indispensable au fonctionnement de la tour !
Rufiot continua d’observer le village un moment, puis se tourna et fit face au large bateau marchand qui l’avait transporté jusqu’ici. Le capitaine était accoudé au bastingage, et surveillait ses hommes qui déchargeaient de lourds sacs d’orge et de blé, une pipe solidement calée entre ses dents, sa barbe touffue et emmêlée aussi enneigée que ses cheveux longs noués derrière la nuque.
_ « Capitaine ? Êtes-vous bien sûr de m’avoir emmené au bon endroit ?
L’homme ne répondit pas immédiatement, prenant le temps de cracher un jet de chique noirâtre et de recaler sa pipe au large fourreau.
_ Bah… ouais, mon gars. Pourquoi qu’il demande ?
_ Ce village est désert ! À part un entrepôt, tout semble en ruine ! Et où sont donc les habitants ? A cette heure, il devrait y avoir plus d‘agitation… Pas un chien, pas âme qui vive… Il doit y avoir erreur sur l’endroit.
_ Ouais. P’t’être. Vous voulez aller où, déjà ?
_ Dans la région du Youben G’ard.
_ Alors y’a pas d’erreurs. C’est là. Depuis le village, jusqu’aux collines là-bas -il fit un signe du bras vers la gauche- et jusqu’aux plaines qui sont derrière Montagne-rouge, avec le château dessus -il fit un large mouvement vers la droite- eh ben c’est Youben G’ard. C‘est tout ça, voyez ?
Rufiot se tourna une fois de plus et regarda sur sa droite ; il y avait effectivement une colline plus haute et plus abrupte que les autres, loin derrière le village, dont la cime était entièrement recouverte par un imposant château de pierre claire, au milieu duquel s’élevait un haut donjon. « De cette hauteur, on doit pouvoir observer toute la région » se dit Rufiot…
_ Pourquoi l’appeler Montagne-rouge ? Demanda-t-il.
_ Sais pas. C’est les gens du coin qui l’nomment comme ça. Disent que c’est à cause du châtelain, ‘voyez ? Y z-ont une frousse pas possible du château… eh, en fait y z-ont peur de tout, même de moi et de mes gars… Pourtant, ‘viens souvent. Y a pas mal de monde qui dit que c’coin l’est pas bien. Maudit, quoi. Les habitants, y’en a pas beaucoup, ‘voyez… remarquez, chacun va où il veut !
Rufiot soupira, devant cette tentative à peine masquée de lui demander pourquoi il désirait aller dans ce trou qu’on disait touché par le mauvais sort…
Le capitaine cracha de nouveau, et se redressa avant de poursuivre:
_ En revanche… non pas qu’y faut que vous le preniez comme une menace, voyez ? Mais ‘serait pas fâché de mirer la couleur de l’or que vous me devez pour le voyage… un passager, c’est une lourde charge, voyez ?
_ Mais bien sûr capitaine, je comprend parfaitement… Il sortit d’une poche de son manteau un parchemin plié avec soin, et scellé par un cachet de cire rouge, qu’il tendit à bout de bras au solide barbu. Celui-ci l’empocha avec un air surpris, brisa le sceau, le déplia et le lut rapidement, un étonnement de plus en plus visible se peignant sur ses traits au fil de la lecture.
_ Un… Un Faire-valoir de l’Empire ?
_ En effet. En retournant à Cité Grise, vous n’aurez qu’à donner ceci aux poste des Gardes impériaux, et ils vous remettront la somme indiquée en monnaie.
Le capitaine, visiblement contrarié de ne pas avoir son dû sur le champ, semblait méfiant, et relut le parchemin d’un air dubitatif.
_ Pas de blagues, hein ? Z’êtes sûr que ça marche ? ‘Voudrait pas me faire avoir, voyez, et sauf vot’ respect, z’êtes sûr que j’aurai mon or ?
_ Certain, capitaine, parole de Garde Noir.
A ces mots, l’homme blêmit, et se redressa subitement avant de s’incliner à plusieurs reprises.
_ Mon pardon, mon pardon, Monsieur ! Je n’imaginai pas avoir affaire… enfin à vous, quoi, voyez ?!
_ A l’un du corps de Garde le plus important et le plus craint de tout l’Empire. Je sais. J’ai été chargé d’enquêter sur ce village par le Sénéchal, responsable de ces… affaires auprès de notre Sérénissime Empereur.
Les derniers matelots remontèrent à bord, et retirèrent la rampe. Le capitaine fit prestement disparaître le parchemin dans sa chemise, et salua une dernière fois Rufiot, tandis que le bateau s’éloignait lentement.
_ Bonne chance, Monsieur ! Et heu… longue vie à l’Empereur !
_ Quand reviendrez vous ici ? Cria le jeune homme, les mains en porte-voix .
_ Dans une décade ! Au revoir ! »
Rufiot regarda le bateau s’en aller, jusqu’à devenir un point minuscule à l’horizon, et soupira. Il était temps d’y aller.

De haute taille, les cheveux noirs et longs, noués en catogan sur la nuque, les yeux d’un vert incertain, et le menton haut, Rufiot avait une physionomie plus que plaisante, du haut de ses vingt ans… Vêtu d’une chemise et d’un gilet en drap chaud, le tout surmonté d’un confortable manteau de voyage noir, il portait des chausses blanches, et des bottes en cuir fauve, qui remontaient au-dessus de ses genoux. Une besace au côté, il partit d’un pas vif vers le village en soupirant: si l’affaire était rapide, il devrait attendre toute une décade dans ce trou avant que le bateau ne revienne.
Rufiot était un Garde Noir. Ce corps de garde d’élite n’avait été formé par l’Empereur que dans un seul but: enrayer toute forme de magie qui puisse être nuisible à l’Empire. Les Sœurs Blanches étaient les seules humaines en droit de pratiquer la magie, et elles s’appliquaient principalement à ce qu’elles restent les seules… Les Gardes Noirs avaient donc pour but de prêter l’oreille à toutes les rumeurs et histoires concernant des formes illégales de magie dans l’Empire, ils devaient ce rendre à la source de ces rumeurs, et identifier les racontars des détenteurs réels d’un pouvoirs… Si tel était le cas, ils devaient faire appel à une Sœur Blanche, qui viendrait « s’occuper » dudit cas.
Jusqu’ici, les rumeurs se vérifiaient avec exactitude pour Rufiot. Depuis plusieurs mois, on racontait qu’un village du Youben G’ard proche de la côte voyait ses habitants disparaître régulièrement, sans que le seigneur du domaine intervienne ; il ne s’attendait néanmoins pas à ce que la quasi-totalité du village ait disparu…
Il dépassa d’un pas vif les entrepôts, et trouva derrière le cimetière du village ; il longea le muret un moment, remarquant avec un certain malaise que beaucoup de stèles semblaient récentes, et que l’autel dédiée à Hanish’n, déesse protectrice de la vie, regorgeait d’offrandes en tout genre.
Rufiot sentit dans sa bouche une amertume qu’il ne connaissait que trop bien: pour lui, c’était la réaction à un mauvais pressentiment… cette affaire devait être sérieuse.
Il arriva à la place du village, toujours sans avoir croisé personne. Grimaçant à cause de l’amertume qui emplissait sa bouche, il se dirigea vers la fontaine au centre, et y but une longue gorgée d’eau glacée, avant de s’étouffer à la vue des sculptures dans le mât central: des têtes grimaçantes, des gargouilles, des visages bouffis ou tordus de douleurs, des chimères monstrueuses, tous finement sculptés dans le pilier d’où sortait les tuyaux déversant l’eau.
« Mais quel damné a bien pu créer une horreur pareille.. » pensa-t-il, fixant les bas-relief comme hypnotisé par leur monstruosité et leur finesse. Avec un frisson désagréable, il se retourna et observa les maisons qui encerclaient la fontaine. Quatre étaient visiblement désertes, les portes arrachées de leur gonds, ou les fenêtres brisées, trois étaient hermétiquement closes, et ni rai de lumière ni fumée ne sortait de leur cheminée. Seule l’auberge -dont il pouvait lire le nom sur l’enseigne « Au roy bienveillant »- et deux autres bâtisses semblaient habitées, bien qu’il n’y ait pas signe de vie. Il nota également un seau fracassé par terre, brisé comme s’il avait été abandonné en pleine course « en pleine fuite » ne put s’empêcher de songer Rufiot…
Réprimant un frisson, il s’avança vers l’auberge et frappa vigoureusement à la porte de chêne massive. Un long silence lui répondit, mais alors qu’il s’apprêtait à recommencer:
_ « Démon ou humain, arrière ! Retournez là d’où vous êtes venu ! Arrière !
_ Je ne suis pas un démon, monsieur ! Je suis un envoyé de l’empereur, et j’aimerais entrer pour vous parler, ouvrez donc !
_ Arrière !
La voix s’éloigna à l’intérieur de l’établissement et il entendit une autre porte claquer: visiblement, l’aubergiste s’était cloîtré là où les paroles de Rufiot ne pourraient plus lui parvenir. Il poussa un soupir et se retourna.
_ Bonjour, jeune homme.
_ Aaah !
Rufiot avait sursauté si fort qu’il avait dérapé sur le sol et était tombé. La petite vieille qui l’avait salué s’était approché si près de lui, qu’en se retournant il s’était retrouvé à deux centimètres de son visage. Celle-ci lui offrit un sourire édenté et rit, en reculant de quelques pas ; le Garde se releva en époussetant son manteau d’un geste impatient et observa de plus près la vieillarde qui lui avait fait peur. Elle était vraiment très âgée, remarqua Rufiot, en notant son crâne presque chauve sous un bonnet de laine vétuste, son dos bossu recouvert d’une robe noire et d’un large châle, ses mains noueuses et tâchées agrippées à sa cane et son sourire édenté. En revanche, ses yeux pétillait encore de vie, et elle semblait réellement ravie de voir le jeune Garde ici.
_ Le bonjour, madame…
_ Il ne vous répondra pas, le coupa-t-elle en souriant.
_ Pardon ? Qui donc ? Demanda Rufiot, interloqué.
_ L’aubergiste, dit-elle en désignant la porte derrière lui d’un doigt tremblant, l’aubergiste ne vous répondra, et ne vous ouvrira pas. Il a peur des étrangers.
_Ah. Oui, j’ai… j’ai cru remarquer, en effet. Y aurait-il… un autre endroit où je puisse séjourner ?
_ Mais bien sûr, mais bien sûr, Monsieur, bien sûr ! Chez notre seigneur… elle désigna cette fois le château qui se dressait comme une ombre derrière elle, et reprit: il sera tout à fait ravi, de vous accueillir…
_ C’est que… êtes vous certaine qu’il acceptera ? Comme vous avez dû l’entendre, je suis un Garde de l’empereur, et donc annonciateur de mauvaises nouvelles. Je crains que ma présence ne le dérange plus qu’autre chose.
_ Point du tout, point du tout, jeune monsieur… Si vous êtes un envoyé de l’Empereur, c’est d’autant plus important de vous accueillir en son domaine ! En ces temps troublés, il ne pourra pas refuser la compagnie… d’un charmant jeune homme comme vous… charmant, oui… non, il ne refusera pas… pour aussi longtemps que vous désirerez demeurer ici… oui, oui… il aime s’entourer de gens charmants… oui, oui, oui…
Elle continua à parler ainsi de plus en plus bas, les yeux toujours fixés sur le jeune homme avec un sourire fixe que Rufiot commençait à trouver malsain. Il hésita encore un instant, puis se remémora l’accueil de l’aubergiste, et soupira.
_ Eh bien soit, j’irai chez lui dès aujourd’hui. Pourriez vous m’indiquer le chemin je vous prie ?
_ Oooh, sage décision, monsieur, oui, oui, très sage, mais… le chemin est assez compliqué, je crains vraiment que vous ne vous perdiez. Si vous me laissez le temps d’aller chercher une affaire que je dois livrer chez lui, je me ferait une joie de vous conduire chez notre bienveillant maître… oui, oui, bienveillant… Rufiot n’avait aucune envie de faire le trajet avec cette vieille visiblement sénile, mais il jaugea du regard la distance qui le séparait de Montagne-rouge, et capitula une nouvelle fois. Il avait encore moins envie de se perdre dans ce pays maudit par temps froid, et après tout, il pourrait commencer à enquêter auprès de la vieille en chemin…
_Très bien, je vous attend à la… -il s’apprêtait à dire fontaine, mais il se souvint des bas-reliefs monstrueux et se ravisa aussitôt- ici, je vous attend ici.
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Chachou
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MessageSujet: Re: Nouvelle: Histoire à Rufiot   Nouvelle: Histoire à Rufiot Icon_minitimeVen 1 Mai - 0:56

Suite :

Quelques minutes plus tard, il avançait sur un chemin tortueux et étroit, en compagnie de la vieille qui avait sous le bras un panier couvert et visiblement léger.
_ Et-il normal que la route soit si étroite ? S’étonna Rufiot en voyant que le sentier tortueux grimpait toujours sans trace d’élargissement.
_ Oui, oui… la grande route a été détruite il y a longtemps, longtemps… Alors on doit prendre les sentiers à chèvres, sur un petit moment… oui, oui. Ça ne dérange pas notre seigneur, non, non… il ne sort pas beaucoup, oui, il ne sort pas beaucoup, ces temps-ci…
Elle continua de marmonner en souriant, et Rufiot, qui allait demander pourquoi la route avait été détruite, s’avisa soudain qu’il ne préférait peut-être pas le savoir, finalement. Comme elle l’avait prédit, ils débouchèrent quelques temps après sur un tronçon de route pavée, aux pierres bien équarries ; le jeune Garde regarda en arrière et eut un choc: trente mètres plus bas, on avait arraché les pierres de leur logement, fait des barricades avec, et on semblait même avoir allumé des brasiers gigantesques par dessus. Le carnage semblait être ancien, mais la route restait impraticable, et le resterait sans doute…
_ Qui a bien pu faire ça…
Il attendit machinalement une réponse, avant de se rendre compte que la vieille avait continué son chemin sans l’attendre, il la suivit, mais commençait à croire que l’affaire était très sérieuse, cette fois… le goût amer dans sa bouche s’accentua au point de lui donner envie de vomir. Il cracha par terre avec une grimace, et rejoint la vieille qui patientait devant le château.
Observée depuis son pied, la citadelle paraissait deux fois plus massive et imposante, son mur d’enceinte en pierre blanche culminant très loin au-dessus de leur tête, la puissante porte en chêne de sept pieds de haut largement ouverte, sur une cour propre et bien entretenue. Ils y pénétrèrent, et la vieille traversa sans hésiter vers une autre porte, moins grande mais plus belle ; Rufiot la suivit plus lentement, observant attentivement tout ce qui se trouvait autour de lui, le sol propre, les murs blancs et immaculés, l’armurerie soignée et sans une trace rouille, en vérité, le jeune homme n’avait jamais vu un château si bien tenu… il ne manquait qu’une chose pour en faire une demeure parfaite: des êtres humains.
Pas un domestique, pas un garde, ni page, ni écuyer, ni soldat, rien. La forge était silencieuse et le feu éteint, l’armurerie et la salle d’armes ne laissaient passer que du vent, il n’y avait pas un cheval dans les écuries… personne. Mais les sols étaient si propres, pas une trace de poussière, ni de rouille sur les ferrures des portes, même la sciure au centre de l’aire d’entraînement semblait fraîche, alors pourquoi ce silence… Un frisson lui hérissa l’échine, et il se dépêcha de rejoindre la vieille dans le hall du château, tout aussi immaculé: Rufiot pouvait voir son reflet dans les dalles de marbres blancs reluisantes, et pas un seul grain de poussière ne venait troubler la couleur ivoire du double escalier qui montait vers l’étage. Les pièces se succédaient, un long corridor pleins d’armures brillantes, un bureau confortables, une antichambre, une bibliothèque, et encore des couloirs ; la vieille avançait toujours en souriant, elle marmonnait parfois -Rufiot ne distinguait que des « oui, oui… », et il put enfin mettre un mot sur l’atmosphère étrange qui régnait au château: endormi. Le temps semblait s’y être arrêté, ou plutôt, la forteresse semblait hors du temps, comme ces forêts si vieilles que les arbres se transforment presque en pierre, immobiles pour l’éternité, sans que rien ne vienne jamais perturber l’ordre naturel des choses…
Ils arrivèrent enfin face à une porte à double battant, blanche, comme tout le reste, et la vieille s’arrêta un instant devant. Elle leva un bras tremblant, et tourna la poignée lentement, avant de pousser les battants de la paume de la main.
Rufiot s’avança par réflexe, avant de s’arrêter brutalement.
_ Qu’est-ce que…
Il ne put en dire plus, les mots lui restèrent dans la gorge tant l’étrangeté de la scène le frappait. L’endroit était immense, probablement la salle de banquet, et au fond, en face de lui, il y avait une estrade, qui menaient en quelques marches à un trône en marbre blanc, et sur le trône… le cadavre d’un jeune homme.
Il devait avoir à peu près l’âge de Rufiot, affalé sur son siège , les jambes tendues devant lui, un bras sur l’accoudoir et l’autre pendant dans le vide, vêtu d’une chemise blanche à moiti ouverte, de chausses et de bottes blanches. La tête contre l’épaule, ses très longs cheveux blonds s’étaient détachés et se répandaient comme une pluie sur ses yeux et sa poitrine ; mais si Rufiot savait qu’il était mort, c’était à cause de sa bouche entrouverte, qui avait inondé d’un sang écarlate son menton, sa gorge et le col de sa chemise…
A la gauche de la salle, près de l’immense âtre de cheminée, d’épais et moelleux tapis avaient été disposés, et sur ces tapis, étendus, Rufiot compta douze jeune filles ou femmes de grande beauté, et sept hommes, eux aussi jeunes et au visage avenant. Ils étaient allongés là comme endormis, et autour d’eux il vit épars, des instruments de musiques, des bouteilles de vins vides et des coupes de cristal, et quelques accessoires de toilettes, qui avaient dû appartenir aux jeunes femmes les plus dénudées… La scène était d’une époustouflante beauté morbide, et il sentait déchiré, entre tous ses sens qui lui hurlaient de s’enfuir à toutes jambes, et le désir de regarder encore ce macabre festin… A droite il y avait une table très longue, bordée de chaises à haut dossier, et le couvert était mis, comme si le dîner était prêt, et qu’on n’attendait plus que les invités… Son regard passait d’un côté à l’autre, et il était chaque fois un peu plus fasciné, les beaux jeunes gens étendus sur les tapis, le seigneur ensanglanté sur son trône, la table, les jeunes gens encore, le seigneur. Lorsque son regard se posa à nouveau sur celui-ci, Rufiot poussa un hurlement de terreur et tomba à la renverse: le jeune homme blond au menton écarlate avait les yeux ouverts, et il le regardait, calmement, depuis son trône de marbre, des yeux mort, des pupilles noires entourées de blanc… Rufiot cessa de hurler, et commença à ramper en arrière, ne pouvant détourner le regard de ces pupilles d’un blanc laiteux qui le fixait avec ardeur.
_ Monseigneur, fit une voix chevrotante derrière lui.
Avec un effort extrême, il détourna la tête et put voir la vieille, qui à quelques pas de lui s’était agenouillée, et elle avait disposé autour d’elle en un cercle parfait le contenu de son panier: des gousses d’ail écrasées. Elle s’inclina autant que lui permettait son dos bossu, veillant à ne pas sortir de son cercle, et reprit:
_ Monseigneur… je l’ai amené, monseigneur, je l’ai amené pour vous… Tout pour vous, pour que vous voyiez que nous vous jurons allégeance… si vous nous épargnez.
Elle redressa la tête, et offrit un sourire édenté à Rufiot qui l’entendit marmonner « oui, oui… nous épargner… »
Le jeune Garde impérial se retourna une nouvelle fois et crut que son cœur allait s’arrêter de battre: le jeune seigneur était accroupi à deux pas de lui, et l’observait d’un air impavide, le sang gouttant lentement de son menton pour retomber avec un « ploc ploc » régulier sur le sol immaculé. S’en apercevant il s’essuya négligemment la bouche avec sa manche, et Rufiot, au comble de la terreur aperçut entre ses lèvres entrouvertes deux crocs acérés et recourbés. Un Vampyre. Il s’était jeté dans l’antre d’un Vampyre, les yeux fermés.
_ Très bien, dit le jeune seigneur -était-il si jeune, en fin de compte ?-d’une voix douce, très bien. Partez.
_ Oui, Monseigneur, oui, oui…
Rufiot, immobile comme si sa vie dépendait du moindre mouvement qu’il pourrait faire, ne put qu’entendre la vieille se redresser et ramasser son panier avant de s’en aller sans demander son reste. Les portes claquèrent à son départ -Rufiot préféra ne pas se demander si c’était elle qui les avait fermées, où si les battants s’étaient réunis seuls…
Le Vampyre resta un moment aussi immobile que le Garde Noir, avant de bouger lentement, vraiment très lentement, de s’avancer vers le visage du jeune homme, et il lui évoqua fugitivement un chat, de ceux qui hypnotisent les souris avec leur grand yeux jaunes, jusqu’à pouvoir les saisir entre leur griffes sans qu’elles s’enfuient… Leur visages étaient si proches à présent que Rufiot pouvait sentir le souffle de la respiration du Vampyre sur sa joue, et sentir l’odeur forte et cuivrée du sang qui imprégnait encore le col de sa chemise. Il s’approcha encore, jusqu’à ce que leur lèvres se touchent. Rufiot crut que son cœur allait éclater, comme pris dans un étau, il respirait encore, mais l’air qui entrait dans ses poumons semblait geler et pesait comme une masse de plomb.
La créature infernale s’éloigna enfin et sourit, le sourire le plus ravi et le plus… gourmand que le Garde ait jamais vu, découvrant deux canines aigues.
_ Tes lèvres… ont le goût de la peur.
Le seigneur tendit la main, et attrapa Rufiot par le col de sa tunique, l’amenant lentement à lui.
Il sentit que cette fois , ce ne serait pas un simple baiser. Leur visages s’effleurèrent, les boucles blondes du démon se répandirent sur Rufiot, accompagnés d’une odeur de vin et de sang, et il sentit ses lèvres glacées se poser avec un sourire sur la base de son cou. Les crocs du Vampyre s’enfoncèrent dans sa chair avec un léger bruit humide, et son étreinte se resserra brusquement. Après la douleur vint une incroyable, une indescriptible sensation de bien-être, qui s’empara de lui tandis que la créature au-dessus de lui se nourrissait de son essence vitale. Il se sentit s’endormir, s’en aller doucement.
Avec la certitude inébranlable que ce n’était pas la fin ; le démon au-dessus de lui ne lui ôtait pas la vie…
Il se débarrassait de la première, celle de Rufiot, Garde Noir exemplaire et fidèle serviteur de l’Empereur.
Plus rien désormais ne le rattachait à cette vie-là.
Sa deuxième vie pouvait commencer.
Avant que cette vie ne le quitte, avant qu’il quitte pour toujours le monde mortel, il prononça un mot, un dernier mot.
« Mistiche ».

Fin.

Voilà ! Une suite est prévue, mais je l'ai pas encore terminée... laissez moi vos impressions par pitité ! drunken
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MessageSujet: Re: Nouvelle: Histoire à Rufiot   Nouvelle: Histoire à Rufiot Icon_minitimeVen 1 Mai - 1:35

Wow... c'est de la folie furieuse... j'adore bounce
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MessageSujet: Re: Nouvelle: Histoire à Rufiot   Nouvelle: Histoire à Rufiot Icon_minitimeVen 1 Mai - 12:59

Hum, d'abord un petit détail fun: L'imposante et puissante porte de 7 pieds, ça fait environ 2m10... Ca n'a rien d'extraordinaire.


Bon sinon, ton Rufiot c'est une véritable quiche, tu l'a bien descendu sur ce coup là, mais putain, kes kil fou dans la garde noir?!? Il va dans un pays pour enquêter sur des problèmes de magie et il commence par raconter à tous le monde pourquoi il est là. C'est un âne au niveau discrétion. Et puis, pour un guerrier craint, lui il a peur d'une fontaine... Quel courage! Enfin, il suit une vieille dont il ne fait pas confiance dans un château vide mais étrange. Dès le début on suppose que la magie vient de là, si le château était vide par un guerre, ce serait pas propre... Et lui il continue à marcher sans se poser de question. Tu nous a fait un jolie crétin sur ce coup là.


Pour finir, j'aime pas trop ton style d'écriture, il est très beau mais ya aucune personnalité.
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Kassoo
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MessageSujet: Re: Nouvelle: Histoire à Rufiot   Nouvelle: Histoire à Rufiot Icon_minitimeVen 1 Mai - 13:16

ROoooooo!!
Mais moi j'aime! C'est beaucoup mieux que certains livres qui j'ai lu franchement!! bounce
N'écoute pas le méchant petit Ben ma chérie, t'es la meilleure!
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MessageSujet: Re: Nouvelle: Histoire à Rufiot   Nouvelle: Histoire à Rufiot Icon_minitimeVen 1 Mai - 15:04

Moi aussi, il a beau être long, ça m'a accroché et j'ai lut d'une traite. ^^
Sourire à la \
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